La formation du gouvernement fédéral Merkel IV
Une conférence par Etienne Dubslaff
La diversification du paysage partisan allemand depuis les années 1980, d’abord à gauche avec l’émergence des écologistes (die Grünen) et l’établissement du parti socialiste/de Gauche (PDS/die LINKE), puis, plus récemment, à droite, avec l’entrée du parti d’extrêmedroite, l’AfD au parlement, met à mal la notion de Volkspartei – ces partis éligibles par l’ensemble de la population allemande – et donne lieu à des recompositions programmatiques qui refondent en profondeur les identités politiques. Les chrétiens-démocrates et les sociodémocrates des centres droit et gauche apparaissent comme les grands perdants des élections qui ont sanctionné la grande coalition sortante. Au vu des scores et de la reconfiguration du paysage politique, des constellations inouïes entre chrétiens-démocrates, libéraux et verts semblaient possibles, voire nécessaires, au soir des élections de septembre dernier. Les négociations ayant échoué, une nouvelle « grande coalition » de raison, sans doute plus rassurante qu’enthousiasmante, est finalement conclue. Entre-temps, l’absence de gouvernement de plein droit, pendant six mois, a été perçue, dans un pays jaloux de sa stabilité gouvernementale, comme l’expression d’une crise d’État sans précédent qui prive, de surcroît, l’Allemagne de son rôle moteur en Europe. Or, la majorité de la nouvelle grande coalition est historiquement courte, de sorte que cette option de repli ne sera peut-être pas donnée éternellement et que de nouvelles alliances pluripartites et donc plus difficiles à mener seront nécessaires à moyen terme.
Etienne Dubslaff est Maître de conférences en civilisation allemande à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 depuis 2016.
Heure :
18:30 h
Adresse :
Maison de Heidelberg
4 rue des Trésoriers de la Bourse
34000 Montpelllier