Cette exposition est dédiée à tous les Sinti et Roms qui se sont engagés pour les droits de notre minorité après la fin du régime nazi en Allemagne et en Europe, ainsi qu’à tous les amis et soutiens sans lesquels notre travail pour les droits civiques n’aurait pas pu été reconnu comme il l’est aujourd’hui. Cette exposition est également dédiée aux jeunes générations qui poursuivront ce chemin, qui est loin d’être terminé.
Romani Rose, 2016
Histoire et contexte
Les Sintés et les Roms sont présents depuis plus de 600 ans en Allemagne, où ils forment une minorité nationale solidement établie. Parallèlement, les préjugés à leur égard persistent depuis des siècles et vont d’une discrimination dissimulée ou ouverte à des persécutions racistes. Jusqu’au début des années 1980, peu de gens savaient que plus de 500 000 Sintés et Roms avaient été systématiquement persécutés et assassinés par les nazis.
Après 1945, les modèles de pensée racistes du national-socialisme ont largement perduré, avec une belle constance, dans les institutions étatiques comme la police et le système judiciaire. L’accès des membres de la minorité persécutés par le régime nazi au système d’indemnisation a été entravé à maintes reprises et les poursuites pénales contre les responsables du génocide rapidement suspendues. Ainsi des policiers qui avaient été directement impliqués dans les persécutions des Sintés et des Roms ont-ils pu poursuivre tranquillement leur carrière en République fédérale d’Allemagne. Lors des procédures d’indemnisation, ces mêmes policiers ont produit des avis d’experts contestant et niant les persécutions raciales des Sintés et des Roms pendant la période nazie. Cette vision est reprise dans un arrêt de principe rendu en 1956 par la Cour fédérale de justice qui a bloqué toute possibilité d’indemnisation des Sintés et des Roms persécutés par le régime nazi pendant de longues années.
Longtemps, le génocide et les crimes contre les Sintés et les Roms n’ont pas bénéficié de l’attention qu’ils méritaient en raison de l’absence de rupture avec les idées nazies et d’un antitsiganisme persistant. Les dossiers contenant les preuves de leur persécution étaient conservés sous clé par la police et les Rasseforscher (experts raciaux). Dans la jeune République fédérale, de nombreux Sintés et Roms qui avaient été déchus de la nationalité allemande par les nazis s’en sont vu refuser la restitution. Les survivants ayant perdu leurs papiers d’identité, ils ont été déclarés « apatrides », tout comme leurs descendants, alors que leurs familles étaient établies en Allemagne depuis des générations. C’est ainsi que bien longtemps après la fin de la guerre, ils n’ont pas pu exercer leurs droits en tant que citoyens allemands dans l’État de droit démocratique de la République fédérale d’Allemagne.
Heure :
0:00 h
Adresse :
Maison de Heidelberg
4 rue des Trésoriers de la Bourse
34000 Montpelllier