Une conférence par Olivier TINLAND, maître de conférences en philosophie à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3.
En français.
Pour Arthur Schopenhauer (1788-1860), l’expérience du mal est à la fois incontestable et égarante. Incontestable, en ce qu’elle se déploie à tous les niveaux de l’existence humaine : au niveau du corps individuel (souffrance), du psychisme individuel (manque), des relations interindividuelles (vice, injustice) et de l’histoire des nations (guerres, épidémies, catastrophes). Mais cette expérience est égarante, en ce que le tableau bigarré des misères humaines nous dissimule la cause métaphysique de l’existence du mal : l’individuation, qui nous donne l’illusion d’être séparés des autres, attise notre égoïsme viscéral et nous plonge dans le cercle infernal d’un désir à jamais insatisfait. Pour peu que l’on dissipe le « voile de Maya » projeté par notre esprit sur la réalité, nous ferons l’expérience du monde comme d’un Tout sans cause ni but, sans raison d’être, animé par un vouloir-vivre universel qui ne rime à rien. Nous habitons ainsi le « pire des mondes possibles », aussi absurde que pénible, mais ce regard métaphysique sur le monde nous révèle aussi la voie possible d’une éthique renouvelée : une éthique fondée non sur la raison, mais sur l’expérience affective d’un lien primordial entre les individus, d’une commune appartenance à une même totalité cosmique, qui suscite la compassion et laisse entrevoir la possibilité de la vertu et de la justice.
Entrée libre.
En partenariat avec la Ville de Montpellier.
Heure :
19:00 h
Adresse :
Salle Pétrarque
2 place Pétrarque
34000 Montpellier