Une conférence par Roland Krebs
Les fondateurs de la germanistique universitaire française ont défini d’entrée de jeu leur discipline comme science totale de l’Allemagne. Ils ont, dans une période riche en tensions et en conflits, scruté le passé et le présent du pays voisin pour tenter d’expliquer à leurs compatriotes sa singularité, mais aussi pour les mettre éventuellement en garde contre le danger qu’il pouvait représenter. On peut distinguer trois phases distinctes durant cette époque. Après une courte période de détente (1925-1929) pendant laquelle les germanistes français participent activement au rapprochement franco-allemand, la crise sociale et politique en Allemagne, puis la prise de pouvoir par Hitler en 1933 les conduisent à proposer une explication du national-socialisme, de sa nature, de ses origines et de ses buts. Durant l’Occupation (1940-1944), leur fonction naturelle de médiateurs les exposèrent à être instrumentalisés au service de la pénétration culturelle allemande. Ils seront placés devant des choix cruciaux : collaboration, résistance ou attentisme. Après la Libération, certains mettront leur compétence au service de l’administration de la zone française d’occupation (1945-1950), ce qui leur permettra de jeter les bases d’une réconciliation franco-allemande durable.
Professeur émérite à Sorbonne Université, Roland Krebs a consacré de nombreuses études aux relations culturelles entre la France et l’Allemagne entre le XVIIIe et le XXe siècle, en particulier L’Idée de théâtre national dans l’Allemagne des Lumières (Otto Harrassowitz, 1985), Helvétius en Allemagne (Champion 2006). Ses recherches actuelles portent sur la vie culturelle en France pendant l’Occupation.
L’exposé s’appuiera sur son ouvrage : Les germanistes français et l’Allemagne paru à Sorbonne Université Presses (Prix Maurice Baumont 2020).
Heure :
18:30 h
Adresse :
Maison de Heidelberg
4 rue des Trésoriers de la Bourse
34000 Montpelllier